Ariane Santerre

Ariane Santerre

Ariane SanterreAriane Santerre est chercheuse en littérature comparée de la Shoah et professionnelle de recherche à la Chaire de recherche du Canada en musique et politique, où elle coordonne le projet « Chants de femmes dans les prisons nazies ». Spécialiste des liens entre littérature, politique et témoignage au XXe siècle, elle est l’auteure de La Littérature inouïe : Témoigner des camps dans l’après-guerre (Presses universitaires de Rennes, 2022). Elle détient un doctorat en littératures de langue française de l’Université de Montréal. Elle a également été Fellow du Summer Institute on the Holocaust and Jewish Civilization de la Holocaust Educational Foundation de l’Université Northwestern (Illinois, États-Unis) et chercheuse postdoctorale du FRQ-SC en littérature comparée à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Ses travaux portent notamment sur la littérature de la résistance, les témoignages de la Shoah et, plus récemment, les écritures du désastre dans leurs intersections entre génocide et écocide.

Publications en littérature et politique :

« Transgressive Testimonies: French Survivors’ Early Writings on the Holocaust », dans Erin McGlothlin et Avinoam Patt (éd.), Lessons and Legacies, vol. 15: The Holocaust: Global Perspectives, National Narratives, Local Contexts, Evanston, Northwestern University Press, 2024, p. 101-120, https://books.google.ca/books?id=uGMIEQAAQBAJ&pg=PT64&hl=fr&source=gbs_toc_r&cad=2#v=onepage&q&f=false.

Cette contribution s’interroge sur les raisons spécifiquement littéraires expliquant l’exclusion initiale des témoignages des survivants juifs lors de la construction du récit national français de la Shoah pendant l’immédiat après-guerre (1945-1947). En explorant certaines caractéristiques thématiques et formelles des premiers témoignages, ce chapitre révèle la pertinence culturelle des récits juifs. Il examine ensuite la manière dont les préjugés littéraires hâtifs en regard des témoignages d’après-guerre perdurent toujours chez les chercheurs.

« Environmental Violence and Natural Symbolism in Chava Rosenfarb’s The Tree of Life: An Ecocritical Approach to Holocaust Memory », Environment, Space, Place, numéro thématique « Spatial, Environmental, and Ecocritical Approaches to Holocaust Memory » dirigé par Emily-Rose Baker, Michael Holden, Diane Otosaka, Sue Vice et Dominic Williams, vol. 15, no 2, 2023, p. 136-162, https://doi.org/10.1353/spc.2023.a910014.

La future écrivaine montréalaise de langue yiddish Chava Rosenfarb avait dix-sept ans lorsqu’elle a été incarcérée dans le ghetto de Łódź. En 1972, elle publie L’Arbre de vie [Der boym fun lebn], une chronique fictionnelle de cette expérience de la Shoah. Dans ce roman épique se déroulant sur trois volumes, Rosenfarb narre et entrelace le destin de dix familles juives de la Pologne d’avant-guerre en 1939 jusqu’à la liquidation du ghetto en 1944. L’« arbre de vie » inspirant le titre du récit est en fait le nom que donnent les « ghettoniks » à un cerisier qui se dresse dans la cour d’un groupe d’appartements où habitent de nombreux protagonistes. Loin d’être une présence anecdotique, le cerisier devient le moteur des réflexions de Rosenfarb quant aux incidences de l’environnement sur la santé physique et mentale des individus.

Cet article analyse L’Arbre de vie à travers une perspective écocritique afin de retracer le fil des interconnexions entre intention génocidaire et précarité environnementale. L’objectif de cette contribution est d’explorer les liens entre génocide et écocide dans le contexte de la mémoire littéraire, tout en appréciant l’actualité des représentations de la Shoah de Chava Rosenfarb en notre époque de conscience écologique renouvelée.

La Littérature inouïe : Témoigner des camps dans l’après-guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2022, 302 p., https://www.pur-editions.fr/product/6934/la-litterature-inouie

Les survivants des camps nazis, dans leur grande majorité, n’ont été ni lus ni écoutés à l’époque de leur retour. Or de la centaine de récits de témoignage parus en France et en Italie au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ceux que l’on connaît aujourd’hui se comptent probablement sur les doigts d’une main.

Cet ouvrage nous replonge dans la période de l’immédiat après-guerre pour redonner une voix à ces rescapés qui ont écrit leurs souvenirs à chaud sous le coup d’une irrépressible pulsion de témoigner. Allant au-delà d’une simple constatation de l’indicible apparenté trop souvent à l’« impossibilité de dire », l’on découvre ainsi une multiplicité remarquable de techniques linguistiques et littéraires mises en œuvre par les survivants pour transmettre une part de leur vécu concentrationnaire à leurs lecteurs.

« Le commentaire de Jean Cayrol pour Nuit et Brouillard d’Alain Resnais : Au confluent du témoignage et de l’intermédialité », Intermédialités, numéro thématique « Témoigner » dirigé par Rémy Besson et Claudia Polledri, no 36, 2020, p. 1-22,https://id.erudit.org/iderudit/1080955ar.

Cet article se consacre à l’apport du poète et résistant déporté Jean Cayrol au documentaire Nuit et Brouillard (1956) d’Alain Resnais en croisant les approches littéraire, testimoniale et intermédiale. S’inspirant de ce film classique comme étude de cas, l’enjeu principal de cette contribution consiste à examiner l’interaction entre texte et images de manière à interroger, à travers leur médium respectif ou par le fait de leur combinaison, les possibilités ainsi que les limites de l’expérience communicative de l’extrême.

Avec Rémy Besson : « Mémoire musicale et réappropriation orale à Ravensbrück : Présentation d’une base de données intermédiale sur Le Verfügbar aux Enfers de Germaine Tillion », Intermédialités, numéro thématique « Témoigner » dirigé par Rémy Besson et Claudia Polledri, no 36, 2020, p. 1-19, https://id.erudit.org/iderudit/1080961ar.

À Ravensbrück à l’automne 1944, cachée dans une caisse d’emballage, l’ethnologue Germaine Tillion (1907–2008) écrivait une « opérette-revue » qui détournait des mélodies de l’époque afin d’aider ses codétenues à résister par le rire. À partir de cette oeuvre fondamentalement intermédiale, est-il possible d’analyser les processus de remémoration musicale et de résistance par le chant dans la création issue des camps de concentration? Il s’agit du mandat que s’est donné le projet de recherche interdisciplinaire « Mémoire musicale et résistance dans les camps. Autour de l’opérette-revue Le Verfügbar aux Enfers de Germaine Tillion ». Après une brève explication de ce que constitue cet objet étonnant qu’est Le Verfügbar aux Enfers, cette contribution indique les résultats du travail de l’équipe de recherche, puis effectue un compte rendu des deux publications collectives qui en ont découlé. Elle s’attache enfin à présenter les enjeux médiatiques entourant la dernière phase du projet de recherche, une base de données et une exposition virtuelle permettant aux usagers de consulter, d’écouter et de visionner les sources musicales de l’opérette-revue — au contraire des publications au format papier.

Avec le Groupe de recherche « Mémoire musicale et résistance dans les camps » : « Sources musicales et phonographiques du Verfügbar aux Enfers », dans Philippe Despoix, Marie-Hélène Benoit-Otis, Djemaa Maazouzi et Cécile Quesney (éd.), Chanter, rire et résister à Ravensbrück. Autour de Germaine Tillion et du Verfügbar aux Enfers, Paris, Seuil, coll. Le Genre humain, 2018, p. 189-241, https://www.cairn.info/revue-le-genre-humain-2018-1-page-189.htm.

Cette annexe est le résultat du travail du groupe de recherche « Mémoire musicale et résistance dans les camps ». Sa visée principale est de présenter de manière intelligible les sources sonores qui ont inspiré chaque passage chanté et musiqué du Verfügbar aux Enfers, afin de permettre une appréciation, aussi bien générale que particulière, des détournements de sens et de la réappropriation orale de la mémoire musicale des détenues de Ravensbrück ayant participé à la création de l’opérette-revue.

« L’histoire d’une survivance », recension de Mon Bataclan de Fred Dewilde, Spirale, no 260, 2017, p. 58-60, https://www.erudit.org/en/journals/spirale/2017-n260-spirale03277/86888ac/.

Cette recension se consacre à la BD/témoignage Mon Bataclan (2016) de Fred Dewilde racontant, par le truchement de l’écriture et d’illustrations, les événements terroristes du 13 novembre 2015 tels qu’ils ont été vécus par l’auteur.

« Le legs de Primo Levi, 30 ans plus tard », Le Devoir, vol. CVIII, no 79, « Page Idées », 11 avril 2017, p. A7, https://www.ledevoir.com/opinion/idees/496062/le-legs-de-primo-levi-30-ans-plus-tard.

« L’intertextualité dans Le Verfügbar aux Enfers et d’autres témoignages concentrationnaires. Une comparaison entre les périodes d’incarcération et d’après-guerre », Revue musicale OICRM, numéro spécial Mémoire musicale et résistance. Autour du Verfügbar aux Enfers de Germaine Tillion dirigé par Marie-Hélène Benoit-Otis et Philippe Despoix, vol. 3, no 2, 2016, p. 55-77, http://revuemusicaleoicrm.org/rmo-vol3-n2/intertextualite-dans-le-verfugbar/.

Cet article se penche sur l’intertextualité dans des textes concentrationnaires rédigés pendant deux périodes distinctes, l’époque de l’incarcération (Le Verfügbar aux Enfers de Germaine Tillion) et celle de l’après-guerre (L’univers concentrationnaire de David Rousset, Se questo è un uomo de Primo Levi et Ravensbrück de Tillion et al.). L’article s’attache à une différence fondamentale entre ces deux périodes, celle de l’identité du lecteur, afin de s’interroger ensuite sur la manière dont cette caractéristique influence les procédés intertextuels utilisés dans les textes.

« Memory and Verbal Violence in Post-War Nazi Camp Testimonies: The Role of the Reader Today », dans Abbes Maazaoui (éd.), The Arts of Memory and the Poetics of Remembering, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, 2016, p. 143-151.

Cet article se consacre à l’étude de témoignages de survivants des camps nazis publiés dans l’immédiat après-guerre. Il s’attarde au rôle du lecteur, puis à la violence verbale contenue dans les témoignages, avant de s’interroger sur les leçons que l’on peut en tirer aujourd’hui.

« Quand l’extrême rappelle l’utilité de la littérature », Le Devoir, vol. CVI, no 15, « Page Idées », 27 janvier 2015, p. A7, http://www.ledevoir.com/culture/livres/429989/journee-a-la-memoire-des-victimes-de-l-holocauste-quand-l-extreme-rappelle-l-utilite-de-la-litterature.

Interventions radiophoniques et balados :

Ariane Santerre, entrevue avec Pierre Anctil sur l’ouvrage La Littérature inouïe dans le cadre de l’émission Notre histoire en tête, Société historique de Montréal, 17 octobre 2023,https://www.societehistoriquedemontreal.org/radio/notre-histoire-en-tete-la-litterature-inouie/.