La musique au service du pouvoir
[Projet en cours]

Appuyé par une subvention CRSH Savoir (2019-2025), ce projet de recherche poursuit deux objectifs étroitement reliés. 

Volet 1 : Musique et récupérations politiques, du Troisième Reich à la fin de la Guerre froide

Il s’agit tout d’abord de mettre en lumière les récupérations politiques variables – et parfois même diamétralement opposées – dont peut faire l’objet un même répertoire musical en fonction d’un contexte socio-politique changeant. Cet objectif sera réalisé par le biais d’une série d’études de cas visant à montrer comment l’image et la musique de compositeurs du canon musical savant (Bach, Mozart, Beethoven, Brahms, Schubert, Bruckner, etc.) ont été récupérées à des fins politiques pendant le Troisième Reich et les années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale, de la période d’occupation de l’Allemagne par les forces alliées (1945-1949) jusqu’à la fin de la Guerre froide (1991).

Basée sur un vaste travail de recherche en archives et dans les périodiques de l’époque, cette analyse permettra de montrer comment l’image et les œuvres des compositeurs dits « classiques » ont pu, au gré de rapports de force changeants, servir de support à des discours politiques très différents et parfois même radicalement opposés – la Neuvième Symphonie de Beethoven servant, par exemple, aussi bien à honorer Hitler en 1937 qu’à célébrer la chute du mur de Berlin en 1989, ou à chanter l’Union européenne aujourd’hui.

Porté par Marie-Hélène Benoit-Otis et Gabrielle Prud’homme, ce volet du projet donnera notamment lieu à une banque de données des commémorations musicales en Autriche dans l’immédiat après-guerre, actuellement en cours de préparation (programmation : Charles Campeau-Bedford).

Volet 2 : Musique, diplomatie et propagande

D’autre part et dans une optique plus large, ce projet vise à (re)penser la distinction entre propagande musicale et diplomatie musicale, deux catégories qui sont généralement utilisées sans définition claire, et parfois même de façon interchangeable. Si les publications consacrées à la diplomatie et à la propagande dans le domaine culturel se sont multipliées ces dernières années, plusieurs questions demeurent peu explorées : qu’est-ce qui différencie la diplomatie de la propagande dans le domaine musical, et surtout, quels sont les facteurs qui incitent les chercheur·e·s à choisir l’une ou l’autre catégorie dans leurs travaux consacrés à l’utilisation de la musique en contexte politique? Le présent projet propose d’entamer cette nécessaire réflexion en examinant une vaste sélection de littérature secondaire portant sur les liens entre musique et politique du XVIIe siècle à aujourd’hui.

Cet important travail de revue de littérature est mené par une équipe de recherche dirigée par Marie-Hélène Benoit-Otis et coordonnée par Marie-Pier Leduc. L’équipe réunit les auxiliaires de recherche Judy-Ann Desrosiers, Jeanne FontaineKamille Gagné, Laurence Gauvin, Noémie Giasson, Catherine Harrison-Boisvert, Matilde LegaultJordan Meunier, Gabrielle Prud’homme, Héloïse Rouleau et Ariane Santerre.

Les premiers résultats de cette réflexion ont été présentés en août 2022 à Athènes dans le cadre du congrès quinquennal de l’International Musicological Society, lors d’une table ronde intitulée « Diplomacy or Propaganda? (Re)defining the Politics of Music Across Borders » organisée par Marie-Hélène Benoit-Otis et qui réunissait Zoey Cochran, Marie-Pier Leduc et Gabrielle Prud’homme. Une publication collective est en cours de préparation, ainsi qu’un colloque interdisciplinaire international qui constituera le point d’aboutissement du projet. En attendant, la bibliographie (en constante évolution) du projet peut être consultée ici.